Wiki Itinéraire Gaston Couté
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Il y a des moments inattendus tout au long du parcours et ce sont probablement les plus savoureux… Il nous en revient quelques-uns à l’esprit et cela vaut qu’on les raconte…

Nous randonnions au départ de Cour-Cheverny où l’on avait bénéficié d’un petit déjeuner exceptionnel avec des croissants et du café, toasts et confitures s’il vous plait ! On enfile, à Cheverny, l’allée du golf qui introduit le chemin de la forêt… Quelques randonneurs locaux nous accompagnaient pour la circonstance (dont Mme Antier, la femme du Maire) et voilà qu’on croise un calvaire… Ah le Jacques (Jacques Lambour) ! Il saute sur l’occasion et sur le calvaire par la même occasion en se mettant à déclamer le Christ en bois… Il s’avère tellement pris par le sujet qu’il empoigne le calvaire en le secouant comme un prunier… « T’as le cœur, t’as le cul, t’as tout en bois ! » Il le secoue à tel point qu’on a vu le coup où le calvaire allait l’écraser par vengeance… Quand il a vu la croix en fer (en l’occurrence !) qui se mettait à osciller, il a réalisé avec quelle véhémence il le secouait et que cela risquait fort de le desceller… ça l’a calmé subito le Jacques… Nous on en rit encore mais nos hôtes devaient rire jaune devant pareil débordement… Limite vandalisme !

Une autre fois, cheminant sur le bord du Canal du Berry peu avant d’arriver à Mehun-sur-Yèvre, voilà qu’on a l’oreille attirée par des notes égrenées à la guitare évoquant un air de Brassens… On passe le nez par dessus la haie pour y voir une jeune femme malgache qui tentait d’apprendre à jouer cet air… Réalisant que l’on avait parmi nous, Marie Volta qui connaît son intégrale de Brassens sur le bout des lèvres et des ongles, il nous vient vite à l’idée de bénéficier de son talent en demandant si elle pouvait emprunter l’instrument le temps d’une démonstration. Ce qui fut dit fut fait grâce à l’amabilité de l’apprentie… Et voilà que d’une minute à l’autre, cette jeune femme se trouve confrontée à la performance concernant l’air qu’elle apprenait laborieusement… Une sorte de master class improvisée comme si nous étions tombés du ciel… Tellement heureuse cette charmante personne qu’elle nous propose des bouteilles d’eau minérale et nous invite à visiter ce moulin de Crécy où elle habite. Le propriétaire est à deux pas, un peintre et anthropologue… Il a suivi la scène et renforce l’invitation ! On aura visité ce lieu original disposé autour d’un magnifique cèdre de l’atlas avec une chaleur humaine avérée et fort sympathique… Une belle cour partagée pavée de restes de meules et de moules, ce moulin ayant été utilisé pour la fabrique de porcelaine. Des rails de decauville témoignant du passé manufacturier du lieu… À présent en voie de rénovation avec une toiture de petites tuiles plates refaite impeccablement à neuf… Et naturellement la Yèvre en contrebas… Apportant l’eau à notre moulin… Merci Brassens… et Marie Volta !

C’est à Saint-Florent-sur-Cher, que Gaston Couté et Maurice Lucas furent embastillés par les gendarmes étant taxés de vagabondage… Et qu’ils furent élargis après avoir fait rire leurs geôliers par un texte qui vaut son pesant de cacahuètes et qui dit en substance : « Si j’étais qu’d’toi, je m’ferais curé ! ». De passage à Saint-Florent-sur-Cher, où nous n’avions guère d’accointances, on va rechercher naturellement cette gendarmerie sans se contenter de se faire photographier devant la nouvelle… C’est au départ et on nous l’indique à peu de distance du parcours. Nous allons faire ni une ni deux pour découvrir un bâtiment relativement imposant flanqués de bâtiments plus petits évoquant de petites cellules et dont l’une sert à présent de toilettes…



Eh bien ! Vous nous croirez si vous voulez mais cette ancienne gendarmerie est devenue après un siècle la Maison des syndicats ! Nulle doute que lors d’un prochain passage l’on y fasse un spectacle nourri de la fameuse poésie cocasse qui exhorte je ne sais plus quel quidam à se faire curé pour exercer une sinécure (charge ou emploi où l’on est engraissé à ne rien faire…).

C’est aussi à Saint-Florent-sur Cher que le Maire, Roger Jacquet, nous aura encouragé au pied levé devant la grille de sa Mairie-château, aux alentours de 9h, le vendredi matin, jour de marché, en nous disant qu’en somme le passé était le passé et qu’il y avait prescription pour les avanies infligées à nos deux poètes en sa ville et que nous étions bien entendu, aujourd’hui, les bienvenus dans cette cité au passé industriel et ouvrier !

Surprise encore d’y découvrir et de congratuler, quitte à prendre un peu de retard pour la rando, un certain Michel Thionnet, peintre militant exposant dans la tour de garde au moment de notre passage, connaisseur de l’œuvre de Couté et illustrateur à son heure, mettant en scène dans sa peinture les malheurs du monde d’une façon naturellement insoutenable… Un équivalent-peintre de notre poète privilégié…

Voilà ! Des moments comme ceux-là ne se programment pas et c’est le sel de la randonnée qui pour le coup en devient bien évidemment culturelle !… Ils reviennent à l’esprit des uns ou des autres dans le désordre… Mais qu’importe ! Rien que du bonheur ! Et bien que le mot « magique » soit quelque peu galvaudé, employé un peu à tout propos, on peut avec Nicole Georges l’employer pour signifier sans doute que ces moment furent inattendus, et exceptionnels et il faut le dire, quitte à passer pour un primitif, sans cause identifiable et peut-être en rapport avec des forces cachées…Écrivez le premier paragraphe de votre article ici.

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