Allant à Gargilesse , et tout en cheminant
Echouées telles des baleines, on voit dedans les champs
Des anciennes baignoires en faîence
Qui attirent l’œil par leur couleur blanche
Victimes d’un grand délaissement
Elles ont toutes quitté nos appartements
Pour s’en aller, comme de blancs cétacés
En quête d’un nouvel espace à coloniser
D’une autre manière, on pourrait aussi dire
Qu’ignorées de tous, elles se cachent pour mourir
Dans un monde très dur ou ne reste de place
Seulement pour les premiers de la classe
Aux baignoires de ville, elles peuvent faire la pige
Ayant connu jadis des vénus callipyges
Ainsi que des éphèbes et de blonds chérubins
Entrés, tout dénudés pour y prendre leur bain
Par d’antiques robinets, elles crachaient leur eau
Comme font en mer les petits cachalots.
Elles valent mieux que nos beaux jacuzzis
Alliant rusticité ainsi que poésie
Maintenant généreuses, elles offrent aux animaux
Durant l’été le bienfait de leur eau
Et retrouvent ainsi une seconde vie
Sous les yeux du passant étonné et ravi
Robert Jégouic - Gargilesse - été 2011